Un espoir électrique pour les personnes vivant avec une lésion médullaire

lésion médullaire - neuro-concept

Révolution dans le traitement de la dysréflexie autonome après une lésion de la moelle épinière

La dysréflexie autonome est une complication grave et potentiellement mortelle qui touche les personnes ayant subi une lésion de la moelle épinière (SCI). Elle se manifeste par des épisodes soudains d’hypertension incontrôlée en réponse à des stimuli sensoriels, comme la distension de la vessie ou du rectum. Jusqu’à présent, les mécanismes neuronaux à l’origine de cette condition étaient mal compris, limitant les options thérapeutiques.

Une cartographie neuronale inédite

Des chercheurs de l’Université de Calgary, de l’EPFL et du CHUV ont identifié l’architecture neuronale responsable de la dysréflexie autonome. Grâce à des modèles murins, des analyses transcriptomiques à noyau unique (snRNA-seq) et des techniques de traçage neuronal, ils ont découvert une chaîne de neurones qui se réorganise de manière pathologique après une SCI :

  1. Des neurones sensoriels nociceptifs (Calca⁺) dans les ganglions dorsaux envoient des signaux anormaux.
  2. Ces signaux activent des neurones excitateurs Vsx2⁺ dans la moelle lombo-sacrée (SC LUMBAR::Vsx2).
  3. Ces neurones projettent vers la moelle thoracique inférieure, activant des neurones locaux Vsx2⁺ (SC THORACIC::Vsx2).
  4. Enfin, ces derniers stimulent des neurones sympathiques ChAT⁺, provoquant une élévation dangereuse de la pression artérielle.

Une solution neuromodulatoire prometteuse

Les chercheurs ont également démontré qu’une stimulation électrique épidurale (EES) ciblée sur la moelle thoracique inférieure pouvait activer une architecture neuronale concurrente, plus bénéfique. Cette stimulation recrute des afférences proprioceptives de gros diamètre (PV⁺), qui activent les mêmes neurones Vsx2⁺, mais de manière à réguler la pression artérielle sans provoquer de dysréflexie.

Vers une thérapie personnalisée

En appliquant quotidiennement cette stimulation (autonomic neurorehabilitation), les chercheurs ont réussi à inverser la dysréflexie autonome chez des souris, des rats et des humains atteints de SCI. Les essais cliniques préliminaires montrent une réduction significative des symptômes tels que les céphalées et les palpitations cardiaques, sans effets secondaires graves.

Attention à la localisation de la stimulation

L’étude met en garde contre une stimulation mal ciblée (sur la moelle lombo-sacrée), qui peut aggraver la dysréflexie autonome en renforçant l’architecture neuronale pathologique.

Conclusion : Cette recherche ouvre la voie à des essais cliniques pivot pour valider l’efficacité et la sécurité de la stimulation épidurale ciblée dans le traitement de la dysréflexie autonome. Elle représente une avancée majeure vers une thérapie mécaniste et personnalisée pour les personnes vivant avec une lésion de la moelle épinière.

Références

Soriano, J.E., Hudelle, R., Mahe, L. et al. A neuronal architecture underlying autonomic dysreflexia. Nature (2025). https://doi.org/10.1038/s41586-025-09487-w

Phillips, A.A., Gandhi, A.P., Hankov, N. et al. An implantable system to restore hemodynamic stability after spinal cord injury. Nat Med 31, 2946–2957 (2025). https://doi.org/10.1038/s41591-025-03614-w